Léopold II, incarnation du colonialisme européen et des mains coupées au Congo

Léopold II, incarnation du colonialisme européen et des mains coupées au Congo

À l’intérieur des murs du palais du Musée de l’Afrique de Belgique se dressent des statues de Léopold II, chacune étant un monument au roi dont le règne a tué jusqu’à 10 millions d’Africains.

La « civilisation » était au cœur du discours de Léopold II adressé aux dirigeants européens en 1885, lorsqu’ils découpèrent et répartirent des territoires dans ce qui devint la « ruée vers l’Afrique ». Il a promis une mission humanitaire et philanthropique qui améliorerait la vie des Africains lors de la conférence de Berlin.

Mort de 10 millions de Congolais

Selon certaines estimations, les meurtres, la famine et les maladies ont causé la mort de près de 10 millions de Congolais au cours des 23 premières années du règne de la Belgique, de 1885 à 1960, lorsque le roi Léopold II dirigeait l’État indépendant du Congo comme un fief personnel. Le roi Léopold II a créé sa propre colonie privée, prétendant ainsi protéger les « indigènes » des esclavagistes arabo-musulmans. Cependant, il a commencé à commettre d’horribles atrocités sur le continent africain. Durant son règne colonial, la population du Congo aurait été réduite de moitié, pour atteindre 10 millions de personnes.

Léopold II et la Conférence de Berlin

Les dirigeants européens réunis à la conférence de Berlin lui accordèrent 2 millions de kilomètres carrés pour y établir une colonie personnelle où il serait libre de faire ce qu’il voulait. Il la baptisa État indépendant du Congo. Ce régime devint rapidement brutal et exploiteur, s’appuyant sur le travail forcé pour cultiver et commercialiser le caoutchouc, l’ivoire et les minerais. Des images d’archives de l’État indépendant du Congo documentent sa violence et sa brutalité avec la complicité des missionnaires présents sur place.

Lire l’article : Avez-vous entendu parler du Massacre de Thiaroye commis par l’armée française au Sénégal ?

Couper les mains et les pieds

Sur l’une d’elles, un homme est assis sur une terrasse et regarde un petit pied et une petite main démembrés. Ils appartenaient à sa fille de cinq ans, qui a été tuée plus tard lorsque son village n’a pas produit suffisamment de caoutchouc. Elle n’était pas un cas unique : couper les membres des hommes, femmes et enfants congolais était une forme courante de représailles et de pratique ludique lorsque les quotas imposés par Léopold II n’étaient pas atteints ou alors quand ils résistaient. Selon les dirigeants coloniaux belges, le hachage est une sorte de punition pour prouver leur supériorité sur les Congolais.

Colonies d’enfants

Les administrateurs coloniaux enlevaient également des enfants orphelins dans les communautés et les transportaient dans des « colonies d’enfants » pour travailler ou s’entraîner comme soldats. On estime que plus de 50 % d’entre eux y sont morts. Les meurtres, la famine et les maladies ont causé la mort d’environ 10 millions de personnes, bien que les historiens occidentaux contestent le chiffre réel. Léopold II s’est grandement enrichi à cette époque sans qu’on lui conteste sa fortune. Il a construit le Musée de l’Afrique dans le parc de son palais à Tervuren, avec un « zoo humain » dans un espace présentant 267 Congolais en exposition.

Fin des atrocités ?

Des rumeurs d’abus ont commencé à circuler. Le journaliste britannique Edmund Dene Morel a dénoncé le régime. Il a révélé des photos de travail forcé, de meurtres, d’enfants soldats, de personnes sans mains, de torture et de génocide dans l’État indépendant du Congo. En 1908, le règne de Léopold II était jugé si cruel que le parlement belge le força à abandonner le contrôle de son fief. La Belgique reprend la colonie en 1908 et ce n’est qu’en 1960 que la République du Congo est établie, après une lutte pour l’indépendance. Une histoire imprégnée de sang qui donna naissance au militant humaniste Patrice Lumumba.

Viol et tourment

Le roi Léopold II a transformé les terres colonisées en un immense camp de concentration et s’est fait une immense fortune grâce à la récolte du caoutchouc. La récolte du caoutchouc au Congo a contribué directement à la montée en puissance économique de la Belgique. Mais cette richesse ne provient pas seulement de l’exploitation des ressources locales, mais aussi du capital humain de la région. En poussant les habitants à produire davantage, les Congolais ont travaillé et vécu dans des conditions abominables et ont dû respecter des « quotas ». À l’époque, de nombreuses personnes ont été violées et torturées par les forces coloniales. En 2020, la statue de Léopold II roi tristement célèbre a été retiré par des manifestants d’une place publique de la ville d’Anvers en Belgique lors de manifestations mondiales contre le passé colonial et barbare de l’Occident.

Sources 

Léopold II : la Belgique « se réveille » face à son passé colonial sanglant, BBC
Les pires atrocités coloniales belges que les Congolais ne peuvent oublier, TRT Afrika
Comment les mains coupées du Congo ont secoué l’Europe coloniale, Le Monde

Pour en savoir plus

https://www.tallandier.com/livre/les-fantomes-du-roi-leopold/

https://www.editionsladecouverte.fr/combattre_punir_photographier-9782348059636

https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/L-Imaginaire/Au-coeur-des-tenebres

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *