Haïti en proie aux prédateurs sexuels

Haïti en proie aux prédateurs sexuels

Déguisés en missionnaire, en Casques bleus ou encore en bienfaiteur humanitaire des hommes et des femmes de par le monde viennent se nourrir de la souffrance des désœuvrés de la société haïtienne.

Des loups déguisés en mouton arpentent les villes et villages haïtiens en quête de proies vulnérables. Il a été communiqué dans les enquêtes de l’Organisation des Nations Unies concernant des affaires de viols l’implication de militaires et de personnels civils. Par ailleurs, la presse locale évoque de nombreux cas ou des hommes et des femmes se faisant passer pour des missionnaires agissaient sous le prisme de la charité afin d’abuser de la confiance que leur accordaient leurs victimes. Il est à noter que la majorité des affaires concernaient des mineurs. À l’heure actuelle, Haïti doit encore faire face à la reconstruction de l’île suite au terrible tremblement de terre de 2010 (plus de 220 000 morts, 300 000 blessés et 1,5 million de sans-abri) et également à des réseaux établis de prédateurs sexuels.

Les missionnaires James Arbaugh et Daniel Pye

James Daniel Arbaugh a été condamné à 276 mois d’emprisonnement pour avoir eu des relations sexuelles illicites avec des mineurs. Cette condamnation résulte d’une enquête menée par les enquêtes américaines Homeland Security (HSI) des services de l’immigration et des douanes américaines (ICE).

James Arbaugh, 40 ans, a plaidé coupable le 6 février 2018 pour trafic de commerce extérieur entre les États-Unis et Haïti vers 2016.

« James Arbaugh était un loup déguisé en mouton : il s’est fait passer pour un missionnaire désintéressé alors qu’en réalité, il exploitait sa position pour s’en prendre à des enfants vulnérables et les maltraiter sexuellement dans l’une des régions les plus pauvres du monde », a déclaré le procureur général adjoint Benczkowski.

Selon les aveux faits dans le cadre de son plaidoyer de culpabilité, Arbaugh vivait en Haïti depuis 15 ans. Il est régulièrement retourné aux États-Unis pendant cette période. Selon les déclarations de la Cour lors de l’audience de détermination de sa peine, il se rendait régulièrement en missionnaire mennonite dans des villes et villages isolés, où il se liait avec les enfants de ces communautés afin d’en obtenir des faveurs. Arbaugh a admis qu’en 2016, alors qu’il se trouvait en Haïti, il avait eu des contacts sexuels illicites avec un mineur de moins de 12 ans en touchant ses parties génitales sous ses vêtements. Selon des documents judiciaires publiés sur le site News Leader, le missionnaire aurait également avoué avoir eu des relations sexuelles avec 21 garçons de moins de 18 ans, entre 2009 et 2017.

Daniel Pye

Daniel John Pye, 35 ans, a été reconnu coupable de s’être rendu en Haïti dans le but de se livrer à des relations sexuelles illicites avec des filles mineures. Il purge une peine de 40 ans. Il prenait en charge de jeunes enfants dans son orphelinat à Jacmel rapporte le Miami Herald.

Une jeune fille a témoigné pour expliquer comment Daniel John Pye, alors qu’elle n’avait que 6 ans, la forçait à lui faire des fellations en l’attrapant par la tête.   

«Il a caressé leurs seins, caressé leurs vagins, pratiqué des rapports sexuels. Il exigeait des fellations des enfants», a déclaré le substitut du procureur américain Ilham Hosseini aux jurés lors de son audience. John Pye a été arrêté en Mars dans sa ville natale en Arkansas, pour tourisme sexuel impliquant des enfants après une longue enquête par Homeland Security Investigations. 

Casques bleus

Ainsi, en Haïti, plus d’une centaine de Casques bleus harcelaient régulièrement les adolescents entre 2004 et 2007. Une victime indique avoir été violée par plus de 50 soldats en trois ans. Une enquête interne des Nations unies révèle aussi que 134 Casques bleus auraient été impliqués dans un réseau de pédophilie en Haïti. En outre, plusieurs victimes y consentent afin d’obtenir de la nourriture ou de l’argent. Toutefois, selon la loi haïtienne, les relations sexuelles avec une personne âgée de moins de 18 ans sont considérées comme des viols.

En Haïti, au moins 134 Casques bleus sri-lankais ont exploité neuf enfants entre 2004 et 2007, selon un rapport interne de l’ONU dont l’Associated Press (AP) a obtenu une copie. Cent quatorze Casques bleus ont ensuite été renvoyés chez eux, aucun n’a été inquiété par la justice.

Des victimes ont raconté aux enquêteurs de l’ONU avoir parfois vendu leurs services sexuels pour moins de 1 $ US ou en échange d’un peu de nourriture. Un adolescent a affirmé avoir été victime en 2011 d’un viol collectif par plusieurs Casques bleus uruguayens qui auraient filmé l’agression sur un téléphone portable.

Le monde comme terrain de chasse

Les Casques bleus ont fait l’objet de quelque 2000 allégations de crimes sexuels à travers le monde en 12 ans, selon une enquête réalisée par l’AP qui démontrerait que l’ampleur de la crise est pire que ce que l’on croyait.

Plus de 300 de ces allégations concernent des enfants, a constaté l’Associated Press, mais seulement une fraction des agresseurs présumés se sont retrouvés derrière les barreaux. La situation est très épineuse pour l’ONU, qui n’a légalement aucune juridiction sur les Casques bleus et qui doit se fier à la justice des pays dont ils sont originaires.

Des cas d’agressions sexuelles possiblement perpétrées par des Casques bleus ont aussi fait surface en République centrafricaine. Des Casques bleus bangladais, brésiliens, jordaniens, nigérians et pakistanais sont aussi soupçonnés d’agressions sexuelles, que ce soit en Haïti ou ailleurs dans le monde. Les données compilées par l’ONU sont toutefois incomplètes et il est donc impossible de brosser un portrait exact de la situation, selon l’enquête menée par l’AP.

Le cas Oxfam

C’est par un article du Times basé sur une enquête interne de l’organisation que le scandale a été révélé. L’association aurait mis en place des orgies avec des prostitués. Le rapport précise que des enfants ont pu être présents parmi les femmes engagées.

Suite au séisme de 2010, de nombreuses associations humanitaires se rendent alors sur place pour aider à réparer les dommages. «L’organisation caritative Oxfam en fait partie. C’est à cette période-là que certains de ces employés auraient eu recours à des prostituées pour organiser des orgies dans leur résidence. En 2011, une enquête interne pour abus sexuels, téléchargement de pornographie, harcèlement et intimidation est lancée et révèle ces agissements à la direction.

Aucune poursuite judiciaire

Le quotidien affirme que la direction a permis à trois employés de démissionner, sans sanction, et en a renvoyé quatre autres pour faute grave. Pourtant, dans un rapport “confidentiel”, Roland van Hauwermeiren, le directeur régional de l’organisation à Haïti, admet avoir engagé des prostituées dans la villa louée par Oxfam “avec des fonds caritatifs”, souligne The Times.

Le quotidien précise : “Aucun des accusés n’a été arrêté ou poursuivi en justice.”Les patrons d’Oxfam ont jugé inutile de donner suite à certaines des accusations, et ont préféré renvoyer les gens[8].» Tout comme les cent quatorze Casques bleus qui ont été renvoyés chez eux.

Prostitution de mineurs

Le rapport constate également qu’“il y avait une ‘culture de l’impunité’ chez certains membres du personnel d’Oxfam présents à Haïti” et il précise “que des enfants ont pu être présents parmi les prostitués”. Une accusation à laquelle Oxfam a répondu en affirmant que cela “n’avait pas été prouvée”. Le quotidien britannique souligne qu’Oxfam, la cinquième plus grande association britannique, reçoit 300 millions de livres [environ 338 millions d’euros] par an de fonds gouvernementaux britanniques et de donations publiques[8].»

La situation en Haïti s’est aggravée depuis le tremblement de terre de 2010. Les autorités font face à des manifestations qui dénoncent la pauvreté qui enlise le pays. Aujourd’hui, des cas de crimes sexuels commis par des déséquilibrés écornent davantage l’image de ce territoire parmi les plus pauvres au monde. Les pédophiles se fondent parmi la population et agissent en toute impunité sauf dans quelques affaires. Là où la misère règne sans vouloir s’essouffler, la population saigne à grand flot. Les prédateurs y accourent pour montrer patte blanche.

 

Sources

[1].ice.gov, Un homme de Virginie condamné à 23 ans de prison pour voyage en Haïti et comportement sexuel illicite

[2].loophaiti.com, Un missionnaire américain aurait sodomisé 21 jeunes garçons en Haïti

[3].News Leader, He groomed Haitian boys for sex, feds say; Now Stuarts Draft missionary is in custody

[4].Miamiherald.co, He cared for Haitian orphans. Now he’s been found guilty of sexually abusing them

[5].Ici.radio-canada.ca, Des Casques bleus auraient commis des agressions sexuelles à travers le monde

[6].Associated Press, Enquête menée par l’agence

[7].Thetimes.co.uk, Oxfam in Haiti: It was like a Caligula orgy with prostitutes in Oxfam T-shirts

[8].Courrierinternational.com,Orgies” sexuelles à Haïti, l’ONG Oxfam dans la tourmente

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