Liban : l’acte héroïque d’une femme de ménage lors de l’explosion à Beyrouth
Lors de la récente explosion dans le port de Beyrouth le 4 août, une jeune femme employée de maison guidée par son instinct, s’élance vers une enfant pour la mettre à l’abri.
On peut apercevoir sur l’enregistrement d’une caméra de surveillance une femme en train de passer l’aspirateur à côté d’un enfant. Elle se fige lorsqu’un bruit se fait entendre regardant autour d’elle pour identifier la cause de l’agitation. Juste au moment où l’explosion s’est produite, un mur à proximité du bambin s’effondre. La femme courageuse saisit instinctivement ce qui semble être une petite fille, la protégeant de son corps avant qu’elle ne sorte de la pièce.
Travailleuses à domicile, l’autre réalité
Venus au Liban pour gagner leur vie et envoyer leurs maigres revenus au pays, les employés de maison seraient plus de 250 000 sur le territoire (dont environ 40 000 en situation illégale).
Amnesty Internationale alerte l’opinion publique
Selon Amnesty Internationale, « Le Liban compte sur son territoire plus de 250 000 travailleuses et travailleurs domestiques migrants, originaires d’Afrique et d’Asie (Éthiopie, Sri Lanka, Bangladesh, Philippines). Ils sont employés au domicile de particuliers en grande majorité des femmes. Ces personnes sont prises dans les mailles du système de Kafala, un dispositif de parrainage des personnes migrantes qui est par nature source d’abus et accroît les risques d’exploitation, de travail forcé et de traite des êtres humains, sans laisser aux victimes de réelles possibilités d’obtenir réparation.
Retrouvez ici une enquête de l’émission « 66 minutes » diffusé sur la chaîne de télévision M6 sur la situation des femmes africaines employées au Liban.
Atteintes graves aux droits humains
Dans un rapport publié en avril 2019 sous le titre “Leur maison, c’est ma prison.” L’exploitation des travailleuses domestiques migrantes au Liban, Amnesty International a exposé des atteintes graves et systématiques aux droits humains imputables aux employeurs. Leurs employées ont signalé, entre autres, des horaires de travail journalier indécents, l’absence de jours de repos, le non-versement ou la réduction de leur salaire, la confiscation de leur passeport, constituent de graves restrictions à leur liberté de mouvement et de communication, le manque de nourriture, l’absence de logement convenable, des violences verbales et physiques, et la privation de soins médicaux. Amnesty International a également recensé des cas extrêmes de travail forcé et de traite des êtres humains. »
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Faustina Tay, victime d’un système inhumain
L’ONG estime qu’en moyenne, une à deux employées de maison trouvent la mort chaque semaine, sans que l’on puisse établir avec certitude s’il s’agit d’un suicide ou d’un décès accidentel ». L’histoire de Faustina Tay met en lumière les nombreux cas liés à des actes de tortures. Le 14 mars 2020, la domestique ghanéenne s’est éteinte sous les coups et abus répétés d’une famille qui l’employait.
La crise économique qui sévit au Liban les a rendues encore plus vulnérables. Beaucoup souhaitent partir.
Pour en savoir plus :
BBC / Kuwaiti woman ‘investigated over Ethiopian maid’s window fall’
« I wanted to die »: The ‘hell’ of kafala jobs in the Middle East
NY Times / Shame of Imported Labor in Kurdish North of Iraq
AL JAZEERA / Maid in Lebanon abuse video kills herself
The Guardian / Je ne peux pas dire à ma fille que sa mère est morte