Pourquoi le chlordécone détruit-il la santé et l’avenir des Antillais au quotidien ?

Pourquoi le chlordécone détruit-il la santé et l’avenir des Antillais au quotidien  ?

Une nouvelle étude menée en Martinique sur l’écrevisse à pinces rouges par Thomas Baudry, étudiant en biologie à l’université de Poitiers et des Antilles, encadrée par cinq chercheurs démontre cette réalité accablante. L’un des pesticides les plus dangereux au monde le chlordécone détruit dans l’impunité totale l’avenir de cette partie de la Caraïbe.

« C’est en Martinique que les 6 chercheurs ont décidé de mener leurs expériences. Ils ont choisi d’observer le Cherax Quadricarinatus, appelé communément l’écrevisse à pinces rouges, une espèce invasive sur l’île. Ils se sont concentrés sur quatre sites, trois sont contaminés et un est défini comme sain. Les résultats montrent une corrélation positive entre la concentration en chlordécone dans l’eau et celle mesurée dans le muscle d’écrevisses capturées dans la nature », selon Martinique 1ère

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L’étude

« L’écrevisse à pattes rouges, Cherax quadricarinatus, a été introduite en Martinique à des fins aquacoles au début du 21e siècle, dans le but de redynamiser la filière aquacole des crustacés d’eau douce. Principalement en raison de sa haute valeur économique, il a été intentionnellement relâché dans la nature et a été capturé et vendu par les pêcheurs. » 

Polluants Organiques Persistants

« Les rivières martiniquaises sont polluées par le chlordécone, considéré comme l’un des pires Polluants Organiques Persistants (POP). Malgré sa dangerosité, il a été utilisé jusqu’en 1993 aux Antilles contre un ravageur du bananier et a toujours été présent dans les écosystèmes. Cette étude visait à étudier le niveau de contamination dans le muscle des écrevisses capturées dans la nature, ainsi que le potentiel de bioconcentration et de dépuration dans le muscle de C. quadricarinatus. » 

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Risque extrêmement grave

« Cette étude pourrait permettre de quantifier le risque pour les consommateurs, mais aussi, d’évaluer un procédé d’épuration pour réduire le risque lié à sa consommation. Les résultats ont mis en évidence l’importance de la concentration en chlordécone dans l’eau et du temps d’exposition au polluant. Enfin, il apparaît que, même après 20 jours de dépuration dans de l’eau sans chlordécone, les concentrations en chlordécone sont restées supérieures à la limite maximale résiduelle (c’est-à-dire 20 ng/g), concluant que la décontamination du muscle semble peu efficace, et le risque pour les Martiniquais pourrait être extrêmement grave. » Comme pour la Guadeloupe l’île sœur mais également les régions environnantes.

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Chlordecone taux acceptable ou inacceptable

Il faut souligner que les autorités sanitaires ont établi un taux acceptable dans l’alimentation par l’un des pires Polluants Organiques Persistants au monde selon les auteurs de l’étude. Aucun effort de dépollution n’a encore jamais été envisagé par les services de l’environnement dans les deux îles et ne le sera peut-être jamais.

Au cœur du chlordecone

Le projet 9 jours en Martinique va au cœur des mouvements « décolonialistes » et anti-chlordécone, sur une île où s’entremêlent luttes sociales et écologistes. Au programme rencontre des meneurs et meneuses de grèves, des activistes anticolonialistes, des ouvriers et ouvrières victimes du chlordécone. Visite des lieux de violences, de répressions policières et militaires, là où l’expression du colonialisme qui ne dit pas son nom est la plus vive. Et enfin, le documentaire couvre les actions des militants en quête de justice sociale, écologique et de liberté.

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