Booba est-il un puzzle de mots et de pensées ou une icône incontournable du rap ?

Booba est-il un puzzle de mots et de pensées ou une icône incontournable du rap ?

Elie Yaffa, né en 1976, devient Booba quand il commence à rapper, à Boulogne, dans les Hauts de Seine. C’est avec Ali, un autre rappeur venu d’Issy-les-Moulineaux, que Booba fonde Lunatic, un duo dont la légende sombre agite le microcosme underground durant quelques années.

Mauvais œil

Lunatic fait sensation en 1996 avec un morceau fondateur, « Le Crime paie », sur la compilation Hostile Hip Hop. Cette description glaciale forge le mythe Booba, en trois minutes de rap sans concession, qui influencera par la suite tous les tenants du « rap de rue ». Il faut attendre 2000 pour voir la parution d’un album de Lunatic. Le groupe avec quelques amis a fondé le label indépendant 45 Scientific, où sort ce disque qui reçoit le premier disque d’or jamais attribué à un label de Hip hop 100 % indépendant. Mauvais œil, c’est du rap sombre, tranchant comme un poignard, qui raconte la haine et le désespoir.

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Temps mort 

Le projet Temps mort qui annonce la carrière solo du rappeur sort sur 45 Scientific et marque le divorce du label et du rappeur. Ce dernier impose un morceau, « Destinée », avec un refrain R&B chanté par Kayna Samet, ce qui n’entre pas dans la ligne strictement hardcore du label. « Destinée » est un tube et un disque d’or récompense l’opus.

Ma définition

Après plus de 25 ans de carrière, Booba n’est pourtant pas qu’une image (clashs, réseaux sociaux) : son flow rocailleux, soutient une écriture très personnelle, toute en métaphores et néologismes hardis*. Cet artiste au drapeau pirate fièrement hissé raconte avec une verve rare ce qu’est sa vie et dépasse le cadre usuel des thèmes évoqués dans le rap.

*La très sérieuse Nouvelle Revue Française publie « Booba ou le démon des images », une véritable thèse sémantique signée d’un universitaire fasciné par son écriture (qualifiée de métagore), qui le range parmi les plus grands auteurs français !

La bio avec une plume

Après ses débuts avec Lunatic, Booba démarre sa carrière solo en 2002 avec Temps mort, qui obtient une certification or. Il sort Panthéon en 2004, qui obtient lui aussi une certification or, puis une mixtape intitulée Autopsie Vol. 1 en 2005. Booba confirme sa place dominante sur l’échiquier du rap hexagonal avec la sortie coup sur coup en 2006 et 2007 de l’album Ouest Side et de la mixtape Autopsie Vol. 2. Un troisième opus de cette série de mixtapes sort en 2009, quelques mois à peine après le quatrième album solo de Booba, 0.9. Avec Lunatic, qui paraît en 2010, le rappeur entend frapper un grand coup, ce qu’il parvient à faire en écoulant 200 000 exemplaires de son disque, suivi en 2011 par le quatrième volet de la série Autopsie.

Au sommet

S’il enchaîne les joutes verbales avec d’autres poids lourds du rap français, tels que Rohff, Seth Gueko, La Fouine ou encore Kaaris, Booba reste très prolifique dans le domaine du rap, et ne voit jamais son succès décliner dans les cinq années suivantes. Durant cette période, il enrichit sa discographie avec les albums Futur en 2012, D.U.C et Nero Nemesis en 2015, et Trône en 2017, qui fait référence à sa longévité au sommet.

Ultra

Avec son dixième album Ultra, qui paraît en 2021 et abrite notamment le single « Mona Lisa » avec JSX, Booba annonce la fin de sa carrière. Préférant se concentrer sur la production et la direction artistique des rappeurs de son label, il n’exclut toutefois pas d’éventuelles sorties à l’avenir par passion.

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