Bokit, la mémoire culinaire à travers la caraibe
Le Bokit est l’un des mets les plus populaires de la gastronomie guadeloupéenne. À la fois simple et savoureux, ce sandwich créole fait l’unanimité même en dehors de ses frontières terrestres. En France hexagonale, de nombreuses franchises font le choix de miser sur lui, notamment au vu de son faible coût de production. Depuis bien plus longtemps sur nos îles, vendu aux abords des plages, le Bokit est le best-seller de ces petits restaurants sur roues.
Le saviez-vous ? Ce sandwich que chacun agrémente et réalise à sa façon renferme une histoire passionnante et parsemée d’ingéniosité. En Guadeloupe, peu de temps après l’abolition de l’esclavage, des hommes et des femmes ont su faire preuve d’ingéniosité pour pallier la faim et la pauvreté. Ils confectionnaient eux-mêmes leur pain, mais de manière quelque peu différente, sans levure, cuit dans un bain d’huile chaude. C’est à ce moment qu’on assista à la naissance du « pain chaudière », avant de prendre l’appellation de Bokit.
De l’appellation à la bouche
Bokit, Donnkit, Johnny Cake…, dans la Caraïbe, le nom du pain frit diverge selon l’histoire et la langue. Des siècles auparavant, les Indiens Shawnees de la Nouvelle-Angleterre faisaient cuire une galette de maïs sur une pierre chaude. Après l’invasion européenne, cette recette fut récupérée puis remixée par ces derniers avec de la farine de blé. Ils remarquèrent que cette galette pouvait supporter de longs voyages et rassasier un homme pour une longue journée. C’est ainsi qu’ils nommèrent ce qui allait devenir le Bokit : le journey cake (le gâteau de la journée).
Comment est-on passé de Journey cake à Bokit ?
Une autre version de l’histoire raconte que ce pain était nommé « Jonikin » par les Indiens Shawnees avant d’être déformé par les Européens en « Journey cake ». Le journey cake est devenu Bokit par déformation linguistique tout simplement. En poursuivant leur conquête vers le sud, ces derniers apportèrent avec eux la recette du journey cake. Ainsi, en passant par la Louisiane, État du sud des États-Unis qui ouvre sur la mer Caraïbe, le « journey cake » devient le « Johnny cake ».
En arrivant à Hispaniola (actuels Haïti et République dominicaine), il devient le « Donnkit », nom créolisé de Johnny cake. « Donnkit » est d’ailleurs le nom encore utilisé en Haïti pour désigner ce pain. À la Barbade et en Dominique, « Djoncake », et en Guadeloupe, « Bokit », qui en reste néanmoins une version unique. Ce sandwich de pain frit, traditionnellement garni à la morue, est une création propre à l’île, bien qu’il ravisse aujourd’hui les papilles aux quatre coins du monde.
