Zion & Fanon, le renouveau du cinéma Antillais

Zion & Fanon, le renouveau du cinéma Antillais

Jean Claude Barny, Nelson Foix, deux réalisateurs guadeloupéens que le destin a liés pour raviver la flamme créative du cinéma antillais. Pour le premier, on peut parler d’un retour en grande pompe dans les salles obscures avec « Fanon », 9 ans après « Le Gang des Antillais ». Pour le second, parlons sans euphémisme d’une entrée en matière tonitruante avec un premier long-métrage, Zion. Le biopic profond d’une figure incontournable de l’histoire face au thriller haletant miroir d’une société à l’abandon. Une chose est sure, le cinéma antillais n’est pas dénué d’identité. De Rue Cases-Nègres, en passant par Neg Marron jusqu’à maintenant, la force de nos œuvres cinématographique réside dans le poids de notre histoire et de nos causes sociales.

Rarement mis en avant, Zion et Fanon sont parvenus à s’imposer par la force et répondent à une demande que le public gardait enfouit. Et plus de 600 000 d’entre eux ont répondu présents dans les salles de cinéma, entre les Antilles et la France hexagonale.

ZION

Le premier long-métrage de Nelson Foix, tourné à Pointe- à-Pitre en Guadeloupe, raconte l’histoire de Chris, un jeune homme mêlé à des affaires de trafic de drogue. Le matin d’une livraison importante, il découvre devant sa porte un bébé abandonné dont il va avoir la charge de s’occuper. Confronté aux sévères réalités de l’île et aux dangers de sa vie criminelle, il doit assumer les lourdes responsabilités de la paternité qui lui est imposée.

Disponible dans les salles depuis le 9 avril 2025, après une sortie anticipée en Guadeloupe, Martinique et Guyane le 14 mars dernier, l’œuvre du jeune réalisateur semble réellement faire l’unanimité. La recette, un récit authentique et un message dilué avec subtilité à travers des images et des scènes poignantes. Comme Jean Claude Barny avant lui avec Neg Marron, Nelson Foix fait entre autres le constat d’une jeunesse laissée pour compte. Au bout de 2 mois d’exploitation, Zion comptabilise plus de 400 000 entrées.

Fanon

« La violence avec laquelle s’est affirmée la suprématie des valeurs blanches, l’agressivité qui a imprégné la confrontation victorieuse de ces valeurs avec les modes de vie ou de pensées des colonisés font que, par un juste retour des choses, le colonisé ricane quand on évoque devant lui ces valeurs. »

Les Damnés de la Terre (1961), Frantz Fanon

L’écrivain et psychiatre martiniquais Frantz Fanon est fortement impliqué dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. C’est sur cet épisode de sa vie que Jean Claude Barny s’est concentré pour le biopic Fanon, qu’il considère comme sa meilleure réalisation. Rendu disponible en salle le 2 avril 2025, le film du réalisateur guadeloupéen s’est tout de même heurté à une certaine forme de boycott. La distribution de Fanon a été limitée à 70 écrans à sa sortie, avant qu’un élan de dénonciations ne pousse plus de salles à le diffuser.

Le parti pris anti coloniale de ce film dérange. Il bouscule la narrative de la nation qui a libéré le monde du nazisme, il rappelle à la France sa responsabilités dans ses massacres. Fanon raconte l’histoire du point de vue de l’oppressé, de celui qui défend sa liberté. Malgré un démarrage poussif, ce sont plus de 200 000 spectateurs qui se sont rendus dans les salles pour découvrir l’histoire de l’écrivain martiniquais.

Une émulation inattendue

Sortis à seulement quelques jours d’intervalle, ces films semblent avoir eu l’effet rêvé. Le timing de ces sorties semble avoir créé une émulation. Les Antilles, ainsi que toute la diaspora, ont convergé autour d’histoires qui éveillent les consciences dans l’intérêt collectif.

« Son film fonctionne parce que le mien fonctionne, mon film fonctionne parce que le sien fonctionne »

Nelson Foix, pour DaomeyTV

A eux deux, Zion et Fanon comptabilisent plus de 600 milles entrés au Box-Office France. Un succès retentissant qui laisse présager, pourquoi pas, une renaissance de l’art audiovisuel antillais. Une chose est sûre : Jean-Claude Barny compte encore quelques années avant la retraite et Nelson Foix, entame tout juste une filmographie qu’il faudra suivre de près.

« J’espère que le cinéma antillais ne s’arrêtera pas à Nelson Foix et Jean-Claude Barny. J’espère qu’y en aura d’autres ! […] Ce que je souhaite c’est que chacun puisse faire son cinéma, raconter ses histoires … »

Nelson Foix, pour DaomeyTV

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