Comment Sarra Gaspard va-t-elle dépolluer les sols des Antilles du chlordécone ?
L’équipe du laboratoire COVACHIM-M2E (Connaissance et Valorisation : Chimie des matériaux Environnement, Énergie) dirigé par Sarra Gaspard travaille sur un procédé permettant de transformer les sargasses en charbon actif. Celui-ci pourrait être réutilisé pour le traitement de l’eau et des sols aux Antilles.
Dépolluer les sols de la Guadeloupe (Karukera) et de la Martinique (Wanakera) est un enjeu vital pour les générations à venir. Les Africains ont toujours considéré la terre, la nature comme une matérialisation du divin. Il en va de même aux Antilles. Ces travaux de recherches démontrent les brillantes capacités des chercheurs locaux à produire des solutions adaptées aux réalités environnementales. Les hommes partent, la terre reste.
Lire l’article : Les produits alimentaires aux Antilles contiennent-ils toujours une teneur en sucre élevée ?
Qui est Sarra Gaspard
Sarra Gaspard est Professeure de chimie à l’Université des Antilles et Directrice Adjointe du laboratoire COVACHIM M2E. Les travaux de recherche qu’elle conduit à l’Université des Antilles concernent d’une part, la valorisation de la biomasse par la fabrication de nouveaux matériaux telle que la préparation et la caractérisation de charbons actifs pour la dépollution des eaux et des sols, et d’autre part l’identification de bactéries, présentes dans les sols, capables de dégrader la chlordécone, pesticide agricole ultra-rémanent qui pollue la terre de Guadeloupe.
Oui, la chlordécone est biodégradable
En 2018 à Cuba, elle a reçu le prix de l’Académie des Sciences pour ses travaux sur le traitement des pollutions par les pesticides en employant le charbon actif de bagasse. La même année, Sarra Gaspard anime un TedX plein d’espoir ponctuant 15 ans de recherches :
Comment participer au projet ?
Pour soutenir les travaux de recherches, il existe une cagnotte Leetci. Elle a pour objectif de collecter la somme de 50 000 euros pour que Sarra Gaspard puisse, avec son équipe, élaborer un protocole de décontamination d’une parcelle agricole sous deux ans.
Lire l’article : Antilles : le CNRS annonce la résurrection du chlordécone avec l’usage du glyphosate
Un dossier sensible
Dans cette affaire qui oppose la population d’un côté, et l’État français et les planteurs de l’époque de l’autre, des pièces très importantes au dossier ont tout simplement disparu. À qui cela profite-t-il ? C’est la question que pose le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) et Vivre, une association guadeloupéenne qui « défend les personnes victimes d’empoisonnement au chlordécone ». Les deux entités ont déposé le 16 juillet 2019 une plainte commune contre X pour « violation de conservations des archives publiques », « détournement d’archives publiques », « corruption active » et « recel ».