Pourquoi la vanille et l’île de la Réunion sont indissociables du génie africain Edmond Albius ?
Dans l’océan Indien, à l’est de Kemet (Afrique) et à l’ouest de l’Australie, se trouve une île appelée Réunion. Sur celle-ci se trouve une statue de bronze à Sainte-Suzanne, l’une des plus anciennes villes de cette terre autrefois appelée Bourbon. Elle représente un jeune africain, Edmond Albius, un génie âgé de 12 ans qui va révolutionner la production de la vanille.
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Il est né à Sainte-Suzanne en 1829. Sa mère est décédée en couches et il ne connaissait pas son père. Quand Edmond avait quelques années, sa propriétaire, Elvire Bellier-Beaumont, l’a donné à son frère Ferréol qui résidait à proximité. Ferréol possédait une plantation. Edmond a grandi en suivant l’homme dans le domaine, découvrant ses fruits, ses légumes et ses fleurs et l’une de ses bizarreries, une vigne de vanille que Ferréol avait gardée en vie depuis 1822.
Avant l’innovation d’Edmond
Comme toutes les vanilles de la Réunion, la vigne de Ferréol était stérile. Les colons français essayaient de faire pousser la plante sur l’île depuis 1819. La Réunion n’a pas connu plus de succès avec la vanille que les autres colonies européennes. Les orchidées fleurissaient rarement et ne portaient jamais de fruits.
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Le geste d’Edmond
Puis, un matin de la fin de 1841, Ferréol fit sa promenade habituelle avec Edmond et fut surpris de trouver deux capsules vertes accrochées à la vigne. Son orchidée, stérile depuis vingt ans, avait des fruits. Ce qui suivit le surprit encore plus. Edmond, 12 ans, a déclaré qu’il avait lui-même pollinisé la plante. Il a demandé une démonstration. Edmond a retiré la lèvre d’une fleur de vanille et, à l’aide d’un morceau de bambou de la taille d’un cure-dent pour soulever la partie qui empêche l’autofécondation, il a délicatement pincé ensemble son anthère pollinifère et le stigmate récepteur de pollen. Aujourd’hui, les Français appellent ça « le geste d’Edmond ».
Explosion de la production
Ferréol a réuni les autres propriétaires de plantations et bientôt Edmond parcourait l’île pour enseigner à d’autres Africains privés de liberté comment polliniser la plante. Au bout de sept ans, la production annuelle de la Réunion était de cent kilos de gousses de vanille séchées. Au bout de dix ans, c’était deux tonnes. À la fin du siècle, elle était de deux cents tonnes et avait dépassé la production du Mexique. Edmond n’a jamais récolté les fruits de son travail. Aucune rétribution ni considération ; il n’a été qu’un outil.
Aucune reconnaissance
Ferréol libère Edmond en juin 1848 après s’être grandement enrichi grâce à la découverte du jeune africain. Edmond quitte la plantation pour la ville et est emprisonné pour vol. Il est libéré au bout de trois ans. Edmond mourut en 1880, à l’âge de cinquante et un ans. Le Moniteur, un journal réunionnais, décrit la fin de vie d’Edmond comme « démunie et misérable ». L’innovation du jeune garçon a été exploitée par les esclavagistes sans aucune contrepartie bien évidement
Un génie de 12 ans
En 1841, le jour de la démonstration d’Edmond à Ferréol, le monde produisait moins de deux mille gousses de vanille, toutes au Mexique, toutes issues de la pollinisation par les abeilles. En 2010, le monde a produit plus de cinq millions de gousses de vanille, dans des pays comme l’Indonésie, la Chine et le Kenya, presque toutes y comprirent celles cultivées au Mexique, le résultat du « geste d’Edmond ». Cette technique, c’est l’histoire d’un génie de 12 ans qui a créé une industrie de 100 millions de dollars par an.
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