Tulsa, la doyenne des survivantes Viola Fletcher raconte le massacre de Black Wall Street
Viola Fletcher, 107 ans, est une survivante du massacre des Africains à Tulsa, en 1921. Le 19 mai dernier, lors d’une session au Congrès de Washington elle raconta cette triste histoire comme si elle l’a vivait encore.
Il y a très exactement un siècle, une horde sanguinaire massacrait plusieurs milliers d’Africains à Tulsa, dans l’Oklahoma. Voici résumé, une partie du récit poignant de cette centenaire.
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Black Wall Street
Surnommé le « Black Wall Street », Greenwood était autrefois un quartier de Tulsa prospère et où il faisait bon vivre. « En quelques heures, tout ça a disparu », expliqua Viola Fletcher devant l’assemblé. La douleur est restée aussi intense qu’au premier jour. « Je vois encore des hommes noirs se faire tirer dessus et les corps noirs gisant au sol dans la rue », témoignait la rescapée. Elle venait de fêter son septième anniversaire lorsqu’une foule pétrie de haine a semé le chaos dans le quartier.
Hommes, femmes et enfants
Absent des livres d’histoire, le massacre de Tulsa est pourtant l’un des pires actes de violence ethniques de l’histoire américaine. Pour certains Africains, on ne connaîtra jamais le bilan définitif afin de mieux passer cet acte de barbarie sous silence. Selon les estimations des historiens, plusieurs milliers de personnes, hommes, femmes et enfants auraient perdu la vie. 8 000 se seraient retrouvées sans abri. Plus de 1 200 maisons ont été détruites.
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« J’entends les cris »
Ce 31 mai-là, les parents de Viola l’ont réveillée ainsi que ses cinq frères et sœurs. Il faisait nuit. « On m’a dit qu’il fallait partir, rien de plus. » « Je ne peux l’oublier. Je refuse d’oublier, tout comme les autres rescapés. Et nos descendants n’oublient pas non plus ce qui s’est passé. » « Je n’oublierai jamais, poursuit-elle, la violence de la foule hargneuse […] lorsque nous avons quitté la maison. » « Je sens encore la fumée et je vois le feu. Je vois encore les commerces noirs être incendiés. J’entends encore les avions nous survoler. J’entends les cris. »
Récupération malsaine
Viola Fletcher a par ailleurs accusé les autorités de la ville d’avoir récupéré son histoire. « Pendant tout ce temps, la municipalité de Tulsa s’est indûment approprié les noms et le vécu des victimes, dont je fais partie, afin de s’enrichir et d’enrichir […] grâce aux 30 millions de dollars collectés par la Commission du centenaire de Tulsa. »