Est-il possible de piéger la chlordécone dans le sol pour limiter la contamination des plantes ?

Est-il possible de piéger la chlordécone dans le sol pour limiter la contamination des plantes ?

En Martinique et en Guadeloupe, la pollution des sols par la chlordécone, un pesticide utilisé dans les bananeraies contre le charançon, a eu pour effet de contaminer la faune et la flore. Les techniques pour dépolluer ces sols se révèlent coûteuses à mettre en œuvre ce qui a pour effet de rebuter les entreprises. Une méthode alternative pourrait consister à piéger la molécule grâce à de la matière organique.

Aux Antilles françaises, la pollution des sols et des cours d’eau par la chlordécone est responsable d’une crise environnementale, sanitaire et socio-économique sans précédent. En cause : l’utilisation d’un insecticide dans les bananeraies jusqu’en 1993 par un groupe de propriétaires peu soucieux de la santé des consommateurs et des habitants avec l’accord du gouvernement de l’époque.

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Génocide environnemental et humain

On estime qu’environ 300  tonnes ont été déversées en Martinique et en Guadeloupe durant 20 ans polluant les sols pour plus de 1000 ans. Aujourd’hui, les habitants consomment des produits locaux contaminés, présentant un danger direct pour leur santé. Dans cette région du monde, les taux de cancer de la prostate sont les plus élevés au monde et des corrélations avec des cas d’autisme sont à l’étude.

Charbon biologique dans le sol

l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et le CNRS ont mené un projet de recherche pour tenter de piéger la chlordécone dans le sol, en partenariat avec Valecom, une entreprise martiniquaise. Les scientifiques ont testé la capacité du biochar à séquestrer la molécule toxique. Pour cette expérimentation, ce charbon biologique provenait de Valecom, qui le fabrique à partir de boues de stations d’épuration. Résultat : comparé à un sol qui n’en contenait pas, les chercheurs ont observé une augmentation du taux de piégeage de la chlordécone dans le sol contenant du biochar six fois plus élevé. Et au final, les légumes se sont révélés six fois moins contaminés.

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Une histoire de sous

L’objectif n’est pas d’offrir une solution gratuite à la population. Ce projet à une visée financière « les résultats de cette étude permettront de prévoir la faisabilité de la méthode en plein champ. D’un point de vue commercial, elle permettra d’offrir un produit sur mesure à la future clientèle»,  affirme l’un des responsables du projet au CNRS.

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