4 raisons pour lesquelles le livre 50 nuances de Grey a eu du succès aux Antilles

4 raisons pour lesquelles le livre 50 nuances de Grey a eu du succès aux Antilles

Même s’il n’est pas désagréable à lire, le roman ne se distingue pas par de réelles qualités littéraires ni par une psychologie particulièrement fouillée des personnages. Là, on est dans le conte de fées sado-maso, la rêverie, tout est très exagéré, son immense succès est, lui, fascinant.

Que raconte ce grimoire de 500 pages ? L’éducation sexuelle et sentimentale d’Anastasia Steele, jeune étudiante de 21 ans maladroite et vierge, par Christian Grey, riche entrepreneur de 27 ans qui aime manier le fouet et la domination.

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1. Un regard sur nous

La culture antillaise arrimée à l’occident met en évidence une clé de compréhension afin de comprendre comment les femmes caribéennes ont été touchées par ce livre comme leurs homologues étrangères. Ce rapport colonial entraîne une habitude et une éducation au paradigme à l’imaginaire leucoderme dès le bas âge même dans l’intime. Il n’y a donc aucun filtre à l’absorption de cette œuvre fictionnelle venue d’ailleurs.

2. Identification au personnage d’Ana

Selon Eva Illouz, sociologue, Cinquante nuances de grey permettraient aux lectrices de mettre leurs désirs en pratique, virtuellement parlant. D’où l’expression désormais largement galvaudée, de « mummy porn » ou « porno pour mamans » qui colle à cette série de livres depuis sa sortie : c’est confortablement installée dans son canapé, une fois mari et enfants couchés, que la lectrice hétérosexuelle se régalera des ébats d’Ana Steele et de Christian Grey, en ayant l’impression d’accomplir un fantasme sexuel voire amoureux, un schéma vieux comme la littérature. De ce fait, le philosophe Arthur Danto considère que « grâce à son identification à l’image, le lecteur reconnaît ce qu’il est ». 

3. Un imaginaire réceptif

Une des raisons du succès de cet ouvrage, c’est le côté sado-maso. Aujourd’hui, les femmes regardent beaucoup de films pornographiques : la femme y est souvent soumise et humiliée. Or les films créent des empreintes émotionnelles qui rendent les femmes plus réceptives à ce genre d’idées, elles y trouvent donc une certaine excitation. Ensuite, d’une manière générale, les femmes ont une imagination moins visuelle que les hommes, elles sont en demande de rapports qui durent. Ce sont souvent les préliminaires qui plaisent aux femmes : dans Fifty Shades of Grey (titre original, ndlr), il y a de très nombreuses descriptions, le personnage de Christian Grey est attentif à un point presque pathologique ! La lecture n’a pas le même effet que les images. Quand on lit, si une image ou une scène nous déplaît, on peut « zapper », c’est-à-dire ne pas vraiment se la représenter mentalement ou l’imaginer, on laisse vagabonder notre imagination sur ce qui nous intéresse, on peut choisir, ce n’est pas aussi intrusif qu’une image que l’on nous montre et que l’on subit. Dr Catherine Solano, médecin sexologue

4. Agitateur de libido

S’il reste une qualité indiscutable du roman, c’est bien celle-ci : il déclenche l’excitation sexuelle féminine et contribue à réveiller la libido dans pas mal de couples. Il témoigne ainsi d’une vraie évolution de la sexualité féminine aux Antilles. Plus en accord avec son corps et ses envies, la femme antillaise est plus ouverte aux explorations.

Hyper sexualisation des corps noirs

Mais il existe un paradoxe qui se cache dans l’abondance de ces propositions audiovisuelles ou littéraires. Les corps noirs étant quotidiennement sexualisés à outrance, le poids des images influent majoritairement dans le rapport des femmes à la compréhension de leurs émotions et désirs « les films créent des empreintes émotionnelles qui rendent les femmes plus réceptives à ce genre d’idées ».

Bercer depuis la tendre enfance, quels seront le regard et le comportement des futures générations dans une société où leur construction mentale et physique sont prédéfinis par l’autre ? Les corps noirs sont-ils la propriété d’autrui ? Avons-nous encore la peau noire, mais un masque blanc ?

Le Bonus

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