Pourquoi les experts de l’ONU s’interrogent sur l’accès à l’eau potable en Guadeloupe ?

Pourquoi les experts de l’ONU s’interrogent sur l’accès à l’eau potable en Guadeloupe ?

Des experts de l’ONU ont exprimé leurs préoccupations concernant les coupures d’eau récurrentes dans en Guadeloupe, qui exposent la population à la pollution de l’eau et à des prix excessifs qui menacent leurs droits humains à l’eau potable et à l’assainissement.

« Un réseau vétuste, des canalisations qui fuient, des stations d’épuration défectueuses, un logiciel de facturation défaillant, entre autres dysfonctionnements, sont le résultat de nombreuses années de négligence de la part des opérateurs privés, des collectivités locales et de l’État », ont affirmé les experts dans un communiqué conjoint.

Crise de l’eau en Guadeloupe : le constat de l’indifférence

60 % de l’eau potable perdue

Les experts de l’ONU ont constaté que plus de 60 % de l’eau potable en Guadeloupe est perdue avant d’atteindre les robinets à cause de fuites, ce qui entraîne un énorme gaspillage. « L’approvisionnement en eau est intermittent afin de réduire les pertes, avec des coupures systématiques, par roulement, dans les différents secteurs du réseau, en plus des coupures plus longues », ont-ils déclaré.

Un réseau catastrophique

Les experts ont souligné que l’une des conséquences les plus graves de ces interruptions était la contamination systématique de l’eau causée par l’infiltration de polluants par les points de fuite quand la pression dans le réseau de distribution d’eau est supprimée. Bien que le gouvernement français affirme qu’il n’existe aucune preuve de contamination systématique de l’eau, les experts ont averti que les coupures systématiques survenant dans un réseau présentant un taux de fuite aussi élevé constituent une preuve physique de l’intrusion systématique de contaminants dans le processus de distribution de l’eau. Les experts ont noté que certaines nappes phréatiques du pays sont surexploitées et risquent de se saliniser en raison de la baisse du niveau de l’eau.

Présence d’un pesticide toxique

Les experts ont souligné que la présence continue du chlordécone, un pesticide toxique et persistant, en Guadeloupe et en Martinique a un impact négatif significatif sur les droits humains de la population, notamment les droits à la santé, à l’eau et à l’assainissement, ainsi qu’à un environnement propre, sain et durable. À ce jour, 90 % des adultes des Antilles françaises sont contaminés par le chlordécone, ce qui se traduit par les taux de cancer de la prostate les plus élevés au monde.

Lanceur d’alerte en danger

« L’eau est devenue un sujet sensible, difficile à aborder librement, et plusieurs acteurs dénonçant les dysfonctionnements du système de l’eau sont en danger », ont-ils déclaré. À la suite de l’interdiction de dernière minute du débat sur l’eau en Guadeloupe organisé par l’Université des Antilles et auquel le rapporteur spécial sur l’eau et l’assainissement avait été invité les experts ont exprimé leur profonde inquiétude quant aux rapports de censure visant à faire taire les voix critiques, y compris les défenseurs des droits humains, les lanceurs d’alerte et les scientifiques.

« La situation est particulièrement grave pour les plus défavorisés, car il s’agit du “département français” où les prix de l’eau sont les plus élevés du pays », ont-ils dit.

Source : Nations Unis

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